lundi 28 mars 2016

J'ai sept ans

J’ai sept ans, c’est mon anniversaire. Je me réveille toute remplie de joie de cette journée. Cécile va venir. Cécile, c’est mon amie. Elle est belle. Comme une poupée. De grands yeux bleus avec des loooongs cils. Un petit nez avec de toutes petites tâches de rousseur et une jolie bouche à la moue boudeuse, aux lèvres pleines, sur de petites dents bien blanches. Ses cheveux bouclés sont foncés, ce qui rehausse la blancheur cristalline de son visage. Je l’aime parce qu’elle est belle et parce qu’elle m’aime, je crois.
J’attends avec impatience le moment où elle franchira la porte, le moment où je verrais la jolie tenue de poupée qu’elle aura la chance de porter. Elle me fait rêver.
J’attends avec impatience le moment où elle va m’embrasser, où je sentirai son doux parfum de fruit, et où elle me murmurera à l’oreille de sa charmante petite voix d’enfant « Joyeux anniversaire ».
J’attends avec impatience le moment où maman, Virginie et Cécile auront les yeux rivés sur moi en chantant « Joyeux anniversaire » et en attendant le moment où je soufflerai les sept petites bougies qui brilleront sur le gâteau au chocolat, mon gâteau au chocolat ; pour moi !
J’attends impatiemment le moment où les bougies vont s’éteindre avec une légère fumée qui sent bon et où on m’apportera mes cadeaux que j’ouvrirai en trépignant de joie.
J’attends impatiemment....GNNOOUIIIK...Le rêve tourne court.
« Les filles, allez ranger vos chambres ! »
Quoi ? Pardon ? Mais c’est mon anniversaire ! Mais mon amie est là pour jouer avec moi ! Je ne peux pas la laisser toute seule en bas ! Ma chambre, elle peut attendre demain ! Cécile n’attendra pas ! Et puis, elle va manger tout mon gâteau ! Et puis elle va jouer avec mes jeux pendant que je serais dans ma chambre à ruminer ! Et puis je la déteste de s’amuser pour mon anniversaire alors que moi je ne m’amuse pas ! Je l’attacherais bien au portail !
Mais tout ça je ne le dirais pas. Je ne pourrais jamais le dire. Ce n’était pas contre Cécile que j’en avais, mais contre celle qui m’a gâché ma fête. Comment a-t-elle pu me faire ça le jour de mon anniversaire ? Il y a 365 jours par an et sur ces 365 jours, un seul est le jour de mon anniversaire. Alors, était-ce trop demandé que ce jour-là, seulement celui-là, je n’ai pas à ranger ma chambre alors qu’une seule amie est venue ?

« Merci maman d’avoir fêté mon anniversaire. » 

lundi 21 mars 2016

Surdoués vs zèbres TQI et autres sureff...






Cela fait quelques temps que je traine sur des groupes Facebook consacrés à la douance et je voudrais vous faire part de certaines de mes observations à ce sujet.



 

QI et test

 
   Le QI est la moyenne des résultats d'un test qui situe les performances intellectuelles d'une personne par rapport à une population de sa tranche d'âge.
     Pour plus de lisibilité, on répartit ces résultats selon une courbe de Gauss (outil statistique utilisé également dans d'autres domaines, elle permet de mettre en évidence une norme, au centre de la cloche, qui réunit 90% des cas). Le test de QI a été élaboré afin de mesurer des retards mentaux ; à partir de deux écarts-types par rapport à la moyenne de 100 (70 de QI, donc), il existe une différence significative ayant un impact sur la vie de la personne concernée.  En parallèle, il en est de même pour les personnes se trouvant à deux écarts-types au-dessus de la moyenne (130).
     On a décidé de les appeler surdoués, considérant les gens dans la moyenne comme normalement doués.
  



   Jusque là, tout est clair.


Comment des psys s'emparent du concept de surdoué


    Certains psys ont découvert, parmi leurs patients, qu'une partie était surdouée, fait étonnant puisqu'en toute logique, on pouvait penser qu'en étant ainsi dotés, tout devait très bien aller pour eux. A partir des observations sur ces gens en mal-être, ils ont établi une sorte de portrait-robot : hypersensibilité, grand sens de la justice, sentiment de décalage par rapport aux autres, empathie extrême, tendance à donner beaucoup aux autres etc... Et parce que le terme de surdoué est connoté "réussite", certains ont proposé d'autres mots : zèbres (WTF), HPI (haut potentiel intellectuel), HQI (haut quotient intellectuel), surefficients mentaux...  Mais au fur et à mesure de la médiatisation de tout ça, certains surdoués ont mis en évidence que ce portrait-robot était biaisé, et forcément puisqu'il était établi à partir d'une population qui allait mal. Comment, à ce moment-là, distinguer ce qui est dû au haut potentiel de ce qui résulte d'un état dépressif ?



Dérives 


     Là où le bât blesse, c'est quand certains psys commencent à catégoriser les surdoués entre les Intellectuels et les Emotionnels, les profils Laminaires et les Complexes, les neurodroitiers et les neurogauchers etc... Non seulement cela n'est étayé par aucune étude scientifique, mais en plus, on peut voir que toutes les nuances existent et qu'une même personne peut passer d'un profil à l'autre selon le contexte dans lequel elle se trouve. Sans compter que neurotrucmuche n'a aucun sens puisque nous utilisons tous nos deux hémisphères cérébraux et que haut potentiel émotionnel signifierait plutôt être capable de bien interpréter et gérer les états émotionnels que de pleurer devant Bambi.
     Les dérives de tout ça, c'est que des psys et autres coachs autoproclamés surfent sur la vague, proposent des conférences, séminaires et autres prises en charge éminemment lucratives mais qui se révèlent totalement inadaptées puisqu'elles visent à laisser penser que le patient se résume à ces caractéristiques et que ce sont les autres qui sont de grands méchants. Il ne peut donc pas évoluer et aura tendance à s'entourer de personnes dans le même état émotionnel que lui.
     Une autre dérive réside dans le fait que des non surdoués vont se retrouver dans ces descriptions (et pour cause, la dépression peut recouvrir des symptômes similaires, le tout assaisonné d'un bel effet Barnum) et ces psys peu scrupuleux ne les détromperont pas quand bien même leurs résultats au test de QI ne révèlent pas de douance.



Origines du déni de soi

       Les différentes caractéristiques citées dans ces descriptions correspondent donc à des gens qui sont dans une forme de déni de soi. J'aimerais qu'on se pose la question de ce qui fait qu'une personne est dans le don de soi, dans l'hyperempathie, dans l'entéléchie (forte pression personnelle de se conformer à des valeurs morales extrêmement contraignantes)etc...
     C'est en lisant Alice Miller que j'ai pu découvrir des pistes de réflexions que je tiens à partager avec vous, et cela n'a rien à voir avec la douance même si elle peut en accentuer les manifestations. Prenons un enfant vivant dans un milieu insécure dans lequel, pour survivre, il doit anticiper toutes les exigences implicites de ses parents sans quoi il en subit la violence (cas typique de la pédagogie noire bien plus insidieuse et fréquente qu'on ne l'imagine, je détaillerai plus cette partie dans un prochain article). Cet enfant, donc, développera de très bonnes capacités à s'adapter aux attentes de l'autre, à percevoir une demande non dite, et tout cela au détriment de lui-même. Ajoutons à cela les carences affectives qui aboutissent à une peur exacerbée de l'abandon et vous avez la victime idéale pour l'abus. Cette personne est prête à tout pour satisfaire l'autre. Pourquoi l'autre, ayant un minimum d'égoïsme sain (je reviendrai là-dessus également parce que c'est très important), se priverait d'en profiter ? A fortiori, une personne avec un narcissisme extrême trouvera en cette personne la source intarissable pour son bien-être.
     Il ne s'agit donc pas d'identifier untel ou untel comme un PN (Pervers Narcissique très en vogue dans la zébrosphère) ou un abuseur, mais plutôt ce qui, en soi, permet à l'autre la mise en place d'une relation abusive. Et cela est le résultat d'un comportement dans lequel on ne pose pas la limite, on ne se donne pas de place à soi-même. Ce comportement, qui était salutaire lorsqu'on dépendait d'un adulte dont on sentait la menace de l'abandon, n'a plus lieu d'être lorsqu'on est soi-même capable de faire ses choix, de subvenir à ses propres besoins.



Se poser les bonnes questions


     Tous ces psys à la noix, s'ils étaient compétents, inciteraient leurs patients à développer un narcissisme sain, à apprendre à envoyer bouler qui que ce soit à partir du moment où il empiète sur son espace, au lieu de les conforter sur un état immuable dans lequel ils sont condamnés à se sentir agressés et qui nécessitera une prise en charge ad vitam aeternam. Quel est l'interêt de ces psys ou coachs ? Peut-on réellement imaginer leurs intentions ? Je ne pense pas ; en revanche, on peut voir les résultats de leurs pratiques, et elles sont pour le moins suspectes.